Violence liée à l’honneur – mariage forcé et autres violences psychiques et physiques au sein de la famille.

Chers lecteurs de la rubrique de psychologue ! Cette fois-ci, au lieu de questions habituelles au psychologue, nous parlons d’un sujet qui, de temps à autre, ressurgit, notamment, quant aux familles immigrantes. Par exemple, le libre choix des filles de fréquenter ou de se marier avec qui elles veulent peut être contrôlé de façon très sévère par la mise en œuvre de menaces et la violence. Lorsqu’il s’agit de contraindre de la sorte, cela porte le nom : violence d’honneur. Dès lors, il s’agit bien de ce qu’il est convenu d’appeler : violence basée sur le concept d’honneur en vigueur dans des sociétés dites traditionnelles et patriarcales. Contrôler le sexe féminin de cette manière-là est bien typique pour protéger l’honneur des hommes ainsi que celle des familles. La façon "non conforme" des femmes de se comporter et de choisir leur partenaire en dehors des principes définis est ressentie comme une menace pour l’honneur. C’est, alors, la raison principale pour laquelle les femmes sont l’objet de la violence d’honneur. Et, c’est par moyen de violence d’honneur que les hommes cherchent à éliminer et à se venger de la honte dont ils feraient objet. Même en Finlande, la violence, le contrôle et les menaces quotidiens imposent des limites à la vie de nombreuses filles et femmes issues de l’immigration. À ladite violence, participent la famille ou la communauté, au sens large du terme, lesquelles demandent, alors, la réparation de la faute commise par la personne les ayant déshonorées. Ordinairement, lorsqu’il s’agit de violences en famille, celles-ci sont, la plupart du temps, le fait d’une personne violente agissant seule.

Le mariage forcé

Une des formes retenues comme violence d’honneur est le mariage forcé. Faisant partie comme une évidence, même, des cultures traditionnelles est le fait que le mariage soit avant tout une affaire entre familles. Néanmoins, en Europe le fait d’obliger quelqu’un à se marier contre sa volonté est considéré comme une atteinte plus grave contre les droits de l’Homme que le viol. Dans certaines communautés les familles essayent de prévenir un comportement jugé déshonorant par moyen de mariage forcé. Dans le cas où, un jeune issu d’immigration refuse de se marier selon les souhaits de la famille, alors un cercle de violences peut en suivre. En Grande-Bretagne, l’unité chargée de recensement de mariages forcés, dépendant du gouvernement britannique, fait état de 300 cas par an, en moyenne. Généralement, les familles concernées sont originaires d’Asie, mais aussi du Proche-Orient, d’Afrique et de l’Europe. En Suède, après le meurtre d’honneur de Fadime Sahindal, une loi interdisant le mariage forcé est entrée en vigueur en 2004. Également, la même loi rend caducs les mariages d’enfants mineurs envoyés à l’étranger exprès aux fins de mariage.

En Europe, toutes les formes de la violence d’honneur sont considérées, en principe, comme actes criminels ainsi que comme atteintes contre les droits de l’Homme. Les victimes potentielles de la violence d’honneur sont, principalement, les femmes musulmanes d’immigration. Intervenir dans la violence d’honneur a été pendant longtemps difficile sous prétexte que cela relève de telle culture ou de telle religion et que les ressortissants de cultures différentes ont le droit de garder leur propres coutumes. Cependant, le relativisme culturel, en vigueur en Europe depuis des décennies, et d’après lequel les pratiques et coutumes des différentes cultures seraient légitimes, est à présent de plus en plus critiqué. Cela a abouti à un constat selon lequel les représentants de l’autorité publique sont peu enclin à agir pour les droits des femmes ressortissant de cultures différentes, ce qui, à son tour, empêche à faire cesser les actes de violence d’honneur.

Ayant porté le débat au sujet de la violence d’honneur sur la place publique, on peut considérer certaines femmes musulmanes célèbres comme des pionnières. L’une d’elles est, par exemple, la députée néerlandaise Ayaan Hirsi Ali d’origine somalienne, mais qui a dû, par la suite, s’exiler aux États Unis. Dans son recueil de textes Cage à Vierges elle fustige le relativisme culturel européen. Elle accuse les Européens d’avoir peur de se voir stigmatisés comme racistes, fait qui les empêche se s’attaquer aux atteintes aux droits de l’Homme.

Par principe, la violence d’honneur, y compris le mariage forcé, est interdite par les traités internationaux portant sur les droits de l’Homme et ratifiés par la majeure partie des pays. Pourtant, les formes de la violence d’honneur dans la majeure partie du globe, dont le mariage forcé, sont dans la pratique tolérées nonobstant la législation en vigueur sur la question ou la position des autorités concernées. Un époux a souvent le droit de maltraiter son épouse et la forcer aux rapports sexuels et aux grossesses successives. Les meurtres d’honneur ainsi que les blessures physiques graves au nom de l’honneur sont interdits presque partout, et, parfois, ces faits sont même sévèrement sanctionnés. Or, malgré tout, il y a chaque année des cas où les coupables échappent à toute punition. D’après les organisations humanitaires non gouvernementales cela est dû, notamment et la plupart du temps, à l’incapacité et/ou à la mauvaise volonté d’agir des autorité locales.

Comment résoudre une situation de violence d’honneur ?

La Ligue Mannerheim de Protection de l’enfance a initié un projet de prévention de la violence d’honneur et qui s’intitule Projet-Amoral. Les responsables du projet se sont rendus à Jyväskylä au mois d’octobre 2007 aux fins de formation des autorités concernées. Le formateur-consultant du projet-Amoral, Rebwar Karimi, a décrit aux autorités combien il est difficile aux nombreux parents d’immigration de se trouver une place dans notre société. La culture dominante peut être ressentie par eux comme une menace qui tente de pénétrer au sein de leur famille, même, sans en avoir obtenue la permission. Leurs méthodes éducatives anciennes, considérées comme évidences jadis, ne fonctionnent plus ou peuvent être totalement interdites et condamnables, même, par la société finlandaise. Même si, chaque parent devrait être la personne qui sache au mieux comment éduquer sa propre progéniture, la capacité parentale de l’immigrant peut, pour ainsi dire, provisoirement lui échapper. C’est parce que les parents ne connaissent que partiellement la société qui les entoure et qu’ils peuvent la ressentir comme une menace, peut les conduire à utiliser des méthodes éducatives très dures. La situation des analphabètes ainsi que celle qui sont sans instruction scolaire peut être particulièrement difficile, car ces parents-là risquent de s’enfermer dans leur propre univers.

- Si les parents immigrants ne voient autour d’eux que des aspects négatifs de notre société tels que chômage, racisme et un train de vie pressé, alors il est évident qu’ils veulent protéger leurs enfants de la culture finlandaise et des façons de faire de celle-ci. Ils peuvent penser que limiter les sortis des filles ou leur interdire de fréquenter des garçons sont une manière de prévenir les problèmes plus importants tels qu’un comportement déshonorant, par exemple, note le formateur-consultant du projet-Amoral, Rebwar Karimi. Karimi est d’avis que lorsqu’il s’agit de la violence d’honneur, les deux parties sont des victimes de celle-ci. Le fait de mettre une jeune femme, objet de harcèlement de la part de sa famille, à l’abri dans une maison d’accueil ne constitue pas une solution pour sortir de la situation envenimée. Il est plutôt vraisemblable qu’agir de la sorte ne fait qu’augmenter la haine au sein de la famille concernée, et la rend encore plus apte à utiliser la violence. La condition préalable pour résoudre la situation, c’est que les deux parties soient entendues et trouver ainsi les solutions valables pour toute la famille, poursuit-il. – La meilleure façon de prévenir la violence d’honneur consiste à aider les parents à s’intégrer dans la société ce qui leur permettrait de voir ses aspects ensoleillés, aussi. Seuls, les assistants sociaux ou la police ne peuvent résoudre les questions liées aux différences culturelles. Les situations problématiques nécessitent la participation des interprètes connaissant bien les deux cultures en présence ainsi celle de toute la communauté d’immigration en question, soutient Karimi. Il ressort du projet précédant "Prévention de la violence d’honneur", réalisé en Finlande, que la meilleure solution à la situation de crise peut être trouvée à condition que la communauté d’immigration prenne aussi part aux négociations. "Les discussions se sont avérées utiles, parce que de cette manière les membres de la communauté peuvent constater que ladite "honneur" n’est point considérée comme telle par tous. La bonne coordination et le bon déroulement du processus peuvent nécessiter la participation des autorités finlandaises afin de trouver la personne jouissant d’une autorité nécessaire ou étant autrement respectée au sein de la communauté pour jouer le rôle de médiateur dans la négociation. Car, en effet, souvent les cultures dites "cultures de violence d’honneur" sont aussi des cultures ayant une tradition pour négociation. C’est pour cette raison-là que la possibilité de la négociation ne doit pas être négligée", estime Tanja Tauro, chargée du projet précédant.

À Jyväskylä, un jeune se trouvant dans une situation vraiment difficile peut se mettre directement en rapport avec la police. Il est utile de se rappeler qu’en Finlande les menaces de mort sont considérées comme un crime grave. En cas de besoin, quelque soit l’heure, on peut trouver refuge au Centre Crise Mobile, qui reste ouvert 24 heures sur 24. Son adresse est : Asemakatu 2, 2ème étage. Le Projet-Amoral est, également, à la disposition des autorités et des immigrants pour tout conseil. Vous en trouverez les coordonnées aux adresses Internet ci-dessous et qui constituent, en partie, aussi les sources de l’article présent. Pour terminer, je cite le docteur Salman Asif qui s’est précédemment rendu en Finlande pour la formation de prévention de la violence liée à l’honneur : "Je suis d’avis qu’on devrait plutôt parler de la violence déshonorante, car personne ne peut récupérer son honneur par moyen de la violence."

www.amoral.mll.fi
www.amoral.mll.fi/in_english/

Sirkku Suikkanen, Psychologue
Service de l’Immigration de la Ville de Jyväskylä

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