Madame, la Psychologue.
Par la présente, je m’adresse à vous afin de vous solliciter des conseils concernant nos problèmes conjugaux. Je suis Finlandaise et j’habite dans le sud de la Finlande, et cela fait maintenant 2 ans que je suis mariée avec quelqu’un qui vient d’une autre culture. Nous nous sommes rencontrés, il y a quatre ans, lors de mes vacances d’été dans le pays natal de mon mari. La rencontre et le fait de tomber amoureux l’un de l’autre était une bien merveilleuse expérience. À la fin de mes vacances je suis retournée en Finlande, mais nous gardions le contact par téléphone. Ensuite, au bout d’un mois, seulement, je suis retournée dans son pays et je suis restée vivre dans sa famille. Là-bas, l’on s’est bien occupée de moi, et j’ai aidé sa famille dans le petit restaurant qu’elle possède. Ce n’était pas un vrai travail salarié, et, concrètement, c’était mon mari qui me faisait vivre. Afin que notre enfant puisse bénéficier d’une bonne scolarité, nous avons décidé de déménager en Finlande. Au début, ici, je l’avoue, nous ne possédions pas de formation, ni l’un ni l’autre, ni n’avions de travail, non plus, alors nous nous trouvions ans une situation difficile. Et, depuis il n’y a pas eu de grand changement dans notre vie. Je m’occupe de notre enfant à la maison et la plupart du temps mon mari est au chômage ou il passe de longues soirées dans une pizzeria. Notre couple a commencé à se fissurer, parce que, peut-être, d’une certaine manière nous sommes déprimés, tous deux. Je trouve que mon mari devrait consacrer plus de temps à s’occuper de notre enfant et à faire le ménage à la maison. Je suis, également, d’avis que lorsqu’il sort, il passe trop de temps en dehors de la maison. Il me dit qu’il va, juste, passer voir un copain et rentre, seulement, au bout de six heures. De mon coté, moi, je voudrais que nous sortions ensemble. Parfois, ces copains viennent à la maison pour y passer des heures, alors, j’ai l’impression de devenir folle. Il m’est interdit de participer à la discussion de façon égalitaire, et, apparemment, il suffit que je souris et leur verse du thé. Ensuite, leur bavardage dans leur propre langue reprend. De temps à autre, je ressens que mon mari est très mécontent au sujet de mon comportement, lorsque ses invités sont présents chez nous, mais il ne me fournit pas davantage d’explications à son mécontentement. Il n’y a pas de violences dans notre couple, mais il me semble qu’encore nous sommes des étrangers, l’un pour l’autre. Et, c’est parce que notre situation financière n’est pas bonne, je trouve que c’est une folie qu’il commet lorsqu’il envoie de l’argent à sa famille de nos maigres ressources, quand celle-ci a un soi-disant problème financier. De cela résulte une grosse querelle. Bien évidemment, moi aussi, je voudrais aider sa famille, mais je trouve que d’abord notre famille devrait pouvoir s’acheter, ne serait-ce que, des meubles décents et des habits neufs. Depuis longtemps, je voudrais sortir et aller dans un bon restaurant ou bien aller chez le coiffeur, par exemple. Et, parce que nous avons un enfant ensemble, maintenant, alors je ne peux pas quitter mon mari comme ça, parce ce que je ne veux pas briser la famille de notre enfant. Par ailleurs, j’avoue que je me pose la question de savoir quel genre de famille la nôtre sera pour notre enfant, si la relation parentale n’est pas égalitaire.
Signé : "Comment continuer ?"
Chère Madame "Comment continuer ?"
Vous avez rencontré votre mari, il y a quatre ans, seulement, et déjà, en si peu de temps, vous vous êtes mariés, vous avez eu un enfant et vous avez déménagé en Finlande. Tous ces tournants de la vie, qui se sont produits dans un temps relativement court, sont des grands changements et exigent une adaptation certaine à la situation de votre part. Vous ne me dites pas, si vous bénéficiez du soutien dans la vie quotidienne de la part de votre famille ou non, vous ne racontez pas, non plus, comment est votre propre vie sociale à vous. Néanmoins, la première chose, qui me vient à l’esprit, c’est qu’il n’est pas bon pour vous de vous trouver seule à la maison avec le bébé, à longueur du temps. Au contraire ; vous avez besoin de la compagnie ainsi que de la possibilité de discuter de votre situation avec d’autres mères se trouvant dans une situation semblable à la vôtre, c’est à dire ; d’autres mères de famille multiculturelle, qui ont et élèvent leurs enfants comme vous le faites. Entre autres, il y a des sections locales de la Fondation Mannerheim pour la Protection de l’enfance (Mannerheimin lastensuojeluliitto), qui organisent des rencontres diverses entre les parents ainsi que d’autres à dates fixes entre des groupes témoin, et, qui pourraient vous servir de bol d’air frais dans votre situation. Il vous faut de vous renseigner de façon active sur ce qui se fait dans ce domaine dans votre commune de résidence et de passer en revue tous les tableaux d’affichage que vous rencontrerez, les journaux gratuits et cherchez dans le Net, à ce sujet. Il faut que vous puissiez rencontrer des gens, afin de pouvoir vous exprimer au sujet de votre vie au quotidien ainsi sur ce que vous en pensez. Cela peut vous soulager, même beaucoup. Apparemment, votre mari, suivant les traditions culturelles qui lui sont propres, a déjà su se trouver de la compagnie et du soutien. Ceci est très important pour son équilibre mental, car n’est-il pas vrai que maintenant il doit mener sa vie dans une culture qui lui est totalement inconnue. Les informations concernant les occasion de trouver du travail circulent de bouche à oreille dans ces cercles de connaissances et bien d’autres choses, aussi. En cas de besoin, il peut y trouver de l’aide et du soutien afin de résoudre des problèmes, petits ou grands. En ce qui concerne ses absences et comment il vous faut, à vous, de vous comporter en présence de ses invités, il faudrait que vous puissiez en discuter, tranquillement, entre vous, pour résoudre ce problème-là, tout simplement. Vraisemblablement, vous ne savez pas quelles sont vos attentes, l’un par rapport à l’autre. Il est important que vous puissiez lui dire ce que vous ressentez, en tant que Finlandaise, quand les invités sont chez vous, et, vous ne leur êtes pas davantage qu’une verseuse du thé. Par ailleurs, si votre mari était finlandais, alors quelle serait la situation à ce moment-là ? Il faut que vous puissiez conseiller votre mari à cet égard, et réciproquement. Dans les cultures dites communautaires, le sens de la loyauté, envers la famille et ceux qui sont considérés comme amis, s’exprime de façon bien plus forte que chez nous. L’on y est prêt à donner de son temps, et à aider financièrement, même, quand un ami a des difficultés. Il serait important de lire et approfondir vos connaissances, concernant les choses factuelles relatives à sa culture et, éventuellement, à sa religion. Cela vous aidera à comprendre quels sont les points d’achoppement dans votre relation conjugale. Et, certainement, une question cruciale porte à savoir quelle est la langue dans laquelle vous communiquez, entre vous ? Au cas où, votre mari ne maîtrise pas encore bien le finnois et vous ne connaissez pas bien la langue de vote mari, cela permet de supposer que vous communiquez, entre vous, en une langue qui est étrangère pour les deux. Cela expliquerait que votre sentiment, quand vous écrivez : "qu’encore nous sommes des étrangers, l’un pour l’autre", est très réaliste, de plusieurs manières. La communication verbale reste très limitée, s’il n’y a pas de langue commune. L’histoire de votre vie commune est aussi tellement courte qu’il est normal que vous ne vous connaissez pas encore, l’un l’autre. Cela fait seulement peu de temps que la vie quotidienne a fait son entrée dans votre couple. Jusqu’ici, vous avez vécu dans un environnement qui vous était exotique, tout vous y était nouveau, excitant et sans les soucis de la vie quotidienne. Maintenant, ce qui est important pour chacun d’entre vous, c’est de mettre l’accent sur l’apprentissage de langues. Pour vous aussi, il serait bon d’apprendre la langue de votre mari, car, en effet, elle sera la deuxième langue de votre enfant. Une langue commune vous unira davantage, en tant que famille. Votre situation est difficile, et les sentiments dépressifs devant les difficultés liées aux exigences d’adaptation, ne sont rien d’autre qu’une façon de réagir saine et normale. Néanmoins, mon conseil à vous est de ne pas céder trop facilement. Divorcer est une chose simple, or, les conséquences en sont graves et pour vous deux ainsi que pour votre enfant. De plus, le quotidien fera sa réapparition dans vos relations futures, aussi. Il vous faut de bien réfléchir aux choses qui ont de l’importance pour vous et à ce qu’attendez-vous de la vie. Malgré les problèmes d’aujourd’hui, une famille multiculturelle sera une richesse pour les enfants qui en seront issus. En ce moment, ce qui est important pour vous deux, c’est de pouvoir suivre la croissance et l’épanouissement de votre enfant commun. C’est un plaisir et un miracle offert par la vie et, pour vous, une joie commune. Au cas où, vous pensez que la situation ne s’améliore pas, alors, il vous faut de parler de vos sentiments au service de la puériculture (neuvola) ou prenez, directement, rendez-vous avec le conseiller conjugal (kasvatus- ja perheneuvola) de votre commune de résidence. Vous pouvez vous y rendre également, ensemble, en famille, et y trouver un soutien en rapport avec votre situation.
Sirkku Suikkanen
Psychologue