Chère Madame Sirkku.
Je vous écris de la part de mon frère resté dans notre pays natal. Il est malade depuis son plus jeune âge. On n’a pas réussi à trouver une solution valable à son problème. Il a l’habitude d’être extrêmement minutieux au sujet de toutes les choses, de son domicile et ses objets personnels. Chez lui, personne n’a droit de toucher à aucun des ustensiles de cuisine. S’il arrive à quelqu’un de le faire, alors mon frère trouve nécessaire de faire la vaisselle durant un temps infini. En faisant cela, il se montre extrêmement consciencieux et il ne réussit pas à finir sa vaisselle qu’au bout des heures. C’est de la même manière qu’il prend soin de son hygiène corporelle. Si, pour une personne normale, il faut une demi-heure dans la salle de bains, alors lui y consacre trois heures. Et, quand on lui demande de se dépêcher ou qu’on l’interrompt ou on l’empêche de mener ses activités d’une quelconque manière, alors il se fâche pour de bon pour le restant de la journée. Également, il fait ses prières de façon très consciencieuse et régulière. Le fait de se laver les mains représente un rituel tel pour lui que je n’ai jamais vu personne de le faire aussi longuement et minutieusement. Il fut un temps pendant lequel nous le considérions comme une personne spécialement pure et pieuse, or maintenant je vois qu’il ne jouit pas de la vie. Il ne s’est pas marié non plus, personne n’a été suffisamment convenable pour lui. Je doute qu’il s’agit plutôt du contraire on le considère comme tellement mauvais caractère et bizarre que personne n’a voulu l’épouser. Parfois, il lui arrive de se lamenter à ce sujet, ayant conscience que ces manières et obsessions lui posent un grave problème, mais qu’il n’y peut rien. De quelle manière pourrait-on lui venir en aide?
Signée Sœur
Chère Sœur.
Vous décrivez une situation qui doit causer beaucoup de souffrance à votre frère. Il semble qu’il soit prisonnier de ses propres rituels d’hygiène et autres manières concernant la propreté et la pureté. Ces rituels lui prennent un temps plus que considérable et, sûrement, par ce biais lui rendent aussi les autres choses importantes de la vie difficiles. Vous ne dites pas s’il travaille ni comment gagne-t-il sa vie, car, en effet, de tels symptômes et les choses de la vie quotidiennes vont très mal ensemble. Au cas où les symptômes chez lui se limitent à ceux-là, alors il peut s’agir de ce qu’on nomme troubles obsessionnels. La symptomatologie de tels troubles peut comprendre les phobies concernant l’insalubrité, ce qui conduit à ce besoin de prendre un soin extrême de son hygiène. La personne en question peut aussi manifester un besoin de tenir les choses et les objets en un ordre quasi symétrique ou elle peut continuellement penser qu’elle ait pu oublier ou négliger quelque chose et ainsi vérifier et contrôler ses faits et gestes, infiniment. Par exemple, pour une personne souffrant de troubles de ce genre, le fait de sortir de chez elle peut prendre un temps infiniment longue, parce qu’il lui faut, sans cesse, vérifier que tout est en règle avant de quitter la maison. Certaines personnes peuvent avoir des idées obsessionnelles concernant une maladie quelconque de manière telle que, de façon obsessionnelle, elles se suspectent porteuses d’une maladie mortelle ou qu’elles sont sur le point de l’attraper. Parmi leurs phobies on compte généralement la suspicion de maladies vénériennes diverses ou celle d’avoir un cancer. De telles personnes peuvent, parfois, abuser de soins de santé de façon inconsidérée. Des personnes souffrant de troubles obsessionnels du genre peuvent, également, avoir des idées obsessionnelles sur le fait d’avoir commis des actes de violence à l’encontre d’autres personnes, ce qui les conduit à vérifier, sans cesse, l’état des choses autour d’eux.
Les troubles obsessionnels, on en dénombre de types divers, font partie de troubles d’anxiété maladifs. Les symptômes essentiels en sont les idées et comportements obsessionnels, de type décrit ci-dessus. Les idées obsessionnelles sont des idées qui ressurgissent de façon récurrente à l’esprit de la personne atteinte la personne en question se trouve dans l’incapacité d’effacer de son esprit ces idées oppressantes. Les comportements obsessionnels sont des séries de comportement répétitives dont la fonction est de diminuer l’anxiété liée aux idées obsessionnelles. Souvent, les personnes souffrant de ce genre de troubles sont aussi dépressives.
Vous écrivez que votre frère est conscient du fait qu’il s’agit d’un problème grave. Chez les personnes atteintes de ces troubles, le fait d’être conscientes de leur maladie, autrement dit leur capacité de déduction concernant leur propre état de santé, varie beaucoup. Lorsqu’il s’agit d’un état de santé chronique (de longue date), comme vous le décrivez, la manifestation de symptômes, à elle seule, doit beaucoup nuire les relations sociales et conduit facilement à une mise à la marge de la société. Si tel est le cas, les symptômes peuvent progressivement s’aggraver. Comme vous le dites, il fut un temps où votre frère faisait objet de votre admiration, même, en tant que personne soigneuse et vertueuse, or, au fil du temps, la situation semble s’être dégradée. Beaucoup de personnes atteintes ont honte de leurs symptômes et se montrent hésitantes quant à savoir si une aide existe à leur mal. Or, il existe bien de remèdes pour cet état. Aussi bien les traitements médicamenteux ainsi que la psychothérapie comportementale ont démontré leur efficacité. Il est possible qu’on n’arrive pas à débarrasser complètement le patient de son penchant à réagir par des comportements tels que décrits ci-dessus, mais un traitement médical apporte bel et bien une aide concernant les symptômes les plus difficiles et nuisibles à la vie de tous les jours. Autrement dit, les membres de votre famille ont tout intérêt à amener votre frère chez un médecin et lui faire part de tous ces symptômes. Trouver de l’aide peut changer sa vie de tout en tout.
Sirkku Suikkanen
Psychologue
Käännös: Keski-Suomen tulkkikeskus