Madame, la Psychologue.
Je ne sais pas ce que je devrais faire. J’habite, seulement, depuis peu de temps dans ce logement de location de la Municipalité. De loin, par rapport à mon premier logement ici à Jyväskylä, lequel était, réellement, d’une mauvaise qualité et inconfortable, je préfère mon logement actuel, joliment situé. Néanmoins, dès le début, depuis mon emménagement, mon voisin m’a rendu la vie difficile. À mon arrivée, afin de me présenter, je suis allé sonner à sa porte et, sous forme de cadeau, je lui ai offert quelque nourriture, selon les coutumes de mon pays. Déjà, à ce moment-là, il m’a lancé un regard rempli de suspicion, et, jamais, il ne m’a pas rendu l’invitation de venir chez lui. Au moment qu’il est, il cogne sur les murs, et même, j’ai reçu, deux fois, des lettres de menace. Ces lettres contiennent des hostilités. Je l’ai croisé quelques fois, et son regard me paraît hostile. Comment trouver un moyen afin de remédier à cette situation ? Y existe-t-il un moyen de se rapprocher de son voisin ?
Signé : "En avant, convenablement"
Monsieur "En avant, convenablement".
Apparemment, vous vous trouvez dans la situation, dans laquelle, beaucoup de gens issus de l’immigration se trouvent, et, se reconnaissent. Ne serait ce, que pour exemple : il arrive souvent dans des immeubles collectifs que les habitants autochtones se montrent méfiants envers les familles issues d’une autre culture, qui sont d’une apparence différente et qui ont des traditions différentes par rapport à eux. Dans les immeubles on vit côte à côte, ainsi, les bruits de la vie quotidienne, les odeurs d’à côté et les rencontres entre les autres locataires sont inévitables. Partout dans le monde, les gens se montrent réservés et réticents par rapport à ce qui est nouveau, jusqu’au moment où ils comprennent les avantages et les bons cotés de la chose nouvelle, par rapport à ce qui prévalait avant. Par nature, nous sommes tous des conservateurs. Au début, même, les petits enfants, recrachent les nourritures ayant un goût inhabituel et qu’ils n’ont jamais mangées auparavant, et seulement peu à peu ils s’habituent aux nouveaux goûts, à condition de leur en servir, régulièrement et en petites quantités. La même chose est valable dans la vie d’un être humain, aussi, en avançant en âge : les changements et les choses inconnus font peur, même, et cela pour la raison suivante : le nouveau cause un trouble supplémentaire, lequel, à son tour, exige de la persévérance, des efforts, autrement dit : afin de nous adapter nous sommes, toujours, obligés à faire des efforts.
Pour une personne issue de l’immigration, l’attitude inamicale de part des voisins est, souvent, ressentie comme injuste. Particulièrement, pour des personnes qui ont dû s’exiler pour raisons de persécution, c’est comme si, de nouveau, ils devraient revivre et traverser les mêmes épreuves angoissantes que par le passé. En l’occurrence, je me permets de vous donner le conseil suivant : Vous pouvez commencer par aller sonner à la porte de votre voisin et, directement, mais posément, lui proposer de tirer les choses au clair. Au cas où vous pensez que vous ne maîtrisez pas assez le finnois pour le faire, alors prenez quelqu’un avec vous qui le maîtrise mieux que vous le faites. Ce qui compte, absolument, c’est que votre voisin comprenne que vous êtes prêt à résoudre la situation conflictuelle, situation, qui LUI pose problème, et cela ensemble avec lui, et ce, par des moyens pacifiques. Ce qui est important, c’est de comprendre quelles sont les choses qui le dérangent en votre personne, par votre présence en tant que voisin, et, c’est là, je le pense, que se trouve la clé pour résoudre le problème. Dans le cas où votre voisin n’est pas en mesure de dire, et ce, de façon concrète, ne serait ce, qu’une seule reproche à votre encontre : de ce que vous devriez changer dans votre façon de vivre, alors là, vous devez en informer le syndic de l’immeuble. Vous êtes en droit, alors, de porter à la connaissance du syndic que vous êtes victime de harcèlement de la part de votre voisin. Ici, en Finlande, la perturbation de la paix et du calme du domicile d’autrui est prohibée par la loi (ici, il s’agit de ce qu’on appelle : l’inviolabilité de domicile), par exemple : y pénétrer en usant de la force ; refuser d’en ressortir ; par moyen de coups de téléphone inopportuns ou par le fait de passer des messages insultants du genre que vous décrivez, dans votre boîte à lettres, et ce, de façon répétitive. Au cas où, la situation s’empire, alors, pour la déclarer, il faut que vous vous adressiez à la police. Ici, personne n’a le droit de vous agresser, or, par ailleurs, non plus, nous ne devons pas nous attendre, et encore moins de l’exiger, à ce que nous voisins soient nos amis. Au contraire, il est plutôt d’habitude, ici, en Finlande, que les voisins ne se connaissent pas suffisamment, au point même, de ne pas se saluer, en se croisant. Autrement dit : il n’est point surprenant, non plus, que votre voisin soit choqué par le fait que vous vous êtes présenté à sa porte avec votre cadeau d’arrivant dans les lieux. Plutôt, il est vraisemblable qu’en tant que Finlandais conservateur, il ait mal compris vos meilleures intentions à son égard, et qu’il vous ait ressenti comme quelqu’un d’importun.
Également, je me permets la recommandation suivante : prenez part, courageusement, aux activités des habitants de l’immeuble dans lequel vous résidez. Lorsque, au printemps et à l’automne, les habitants de votre immeuble nettoient, collectivement, la cour de celui-ci ou lorsqu’il y a des réunions ou des fêtes dans la salle commune (kerhohuone), alors, allez courageusement sur place afin de sentir l’ambiance. Plus vous faites connaissance avec vos voisins, plus ceux-ci s’habituent à votre présence et moins ils s’imaginent des choses à votre encontre. Il existe des évènements organisés dans votre quartier de résidence, également, et qui valent d’être vus. Peu à peu on s’habitue à votre présence et peu à peu vous aurez des connaissances. Par ailleurs, en ce qui concerne votre présence dans l’immeuble, l’important c’est d’observer le règlement interne de celui-ci, uniquement. Il suffit qu’on soit capable de vivre tranquillement, côte à côte.
Sirkku Suikkanen
Psychologue